Transcription
Quand on rentre chez nous, on a
cette impression d'avoir accompli quelque chose,
d'avoir vraiment fait un travail qui a du sens.
Je suis Houda,
je vais avoir 43 ans.
Ça fait 5 ans que je travaille à la centrale 112 de Namur.
Quand on est calltaker, on prend trois types d'appels:
on va prendre les appels 112,
qui sont tout ce qui est urgence vitale,
donc incendies et médicaux.
Et on a tout ce qui est 1722,
donc intempéries, un arbre sur la route, des inondations
ou les nids de guêpes, maintenant qui fait partie du 1722.
Et puis on a maintenant le 1733 aussi,
tout ce qui est garde médicale.
Quand vous êtes malade, vous avez de la fièvre, vous appelez le médecin de garde.
Il faut être capable de se projeter
sans avoir aucune image
et de donner des instructions à la personne
pour qu'elle fasse des gestes
qu'elle n'a jamais vus, qu'elle ne connaît absolument pas,
parfois avec une difficulté de langage,
parce qu'il faut en être conscient.
Ou une difficulté du terrain où elle se trouve
parce qu'il y aura peut-être des cris, des hurlements,
ou elle sera au milieu de nulle part.
Parfois, j'ai fait des réanimations sur des bébés de 2 semaines.
Et des bébés de 2 semaines qui étaient tout roses
quand le SMUR et l'ambulance sont arrivés.
Et ça je peux dire que c'est une fierté.
C'est un métier où il faut se connaître.
C'est un métier où il faut être capable de laisser les appels derrière soi en partant,
Et de rentrer avec sa famille, ses enfants qui vont bien.
Faites ce métier !
Pour moi, c'est un des plus beaux métiers
comme quand on parle du métier d'infirmière ou de médecin
ou du métier de pompier.
C'est un beau métier,
mais connaissez-vous bien avant de vous engager sur le terrain.
Posez-vous des questions, connaissez vos limites.
Parce qu'on a vu des personnes
avoir une mauvaise image du métier ne pas tenir le coup
et ce métier n'est pas fait...
On n'est pas là non plus juste pour engager des gens
pour qu'ils aient un bagage émotionnel qui va les abîmer ou autre chose.
Il faut vraiment être capable d'être en soutien
comme une assistante sociale, d'écouter le malheur des gens
et de pouvoir le replier et rentrer chez soi,
et vivre son bonheur familial.
J'avais un travail administratif.
Le matin, j'avais les pieds de plomb
et ça m'amusait pas d'aller faire des dossiers
et c'était lourd parce qu'il y avait rien.
Chez nous, il y a ce groupe...
cette entraide
cette façon de bien se sentir avec son équipe.
Moi, en tout cas, dans mon équipe je l'ai,
et je dirai toujours que j'ai la plus merveilleuse des équipes,
et je la changerai pour rien au monde !
Je suis heureuse d'aller travailler !
J'ai mon cocon,
on a nos casiers,
j'ai mes petites figurines.
Donc mon bureau se transforme.
Dès que moi je suis là, il y a du bazar partout !
Donc je m'étale.
Et nos collègues sont là et ...
on est content de les voir,
et quand on voit qu'on travaille avec un tel et avec un tel,
on est content !
À tel point que maintenant, ces dernières années, je ne regarde même pas l'horaire.
Pendant les grandes inondations qui ont eu lieu
il y a maintenant 2 ans,
j'étais là le jour où les inondations ont commencé.
Ça veut dire que j'ai commencé à travailler en 112 toute ma journée
et on a enchaîné.
Donc j'avais commencé à 7h du matin, puis je suis passée en 1722.
Et mes collègues qui devaient venir,
certains étaient bloqués à cause des inondations
certains étaient inondés chez eux
et ce jour-là, j'ai fini le travail presque à 3h du matin,
le temps qu'on ait des renforts.
On n'arrêtait pas: on décrochait, on raccrochait.
C'était épuisant !
À tel point qu'à la fin,
moi au bout, je pense, de 3-4 jours j'étais aphone.
C'était stressant !
On voyait ni le temps passer,
on voyait rien...
On avait par exemple notre directeur qui dormait sur place.
Je sais juste que j'ai fait que décrocher, raccrocher.
On a droit à des primes de nuit et à des primes de week-end.
Au niveau de nos salaires,
ça peut quand même faire une sacrée différence.
Quand j'ai commencé ce travail,
entre ma vie privée et ma vie professionnelle
à part mes 3 mois de formation,
clairement, ça a été une bénédiction.
Parce que j'ai pu voir mon fils grandir
beaucoup plus que si je faisais
du 5 jours/semaine.
Moi, j'ai toujours travaillé dans le public, en fait.
J'ai cherché du travail administratif.
J'ai travaillé pour...
Au début, je travaillais avec les jeunes,
je travaillais comme bénévole pendant pas mal d'années etc.
Et ça m'a encore plus confortée
de trouver quelque chose dans le public
parce que c'est ça l'aide à la personne, il faut être clair.
Et moi je ne pouvais pas me permettre un métier médical non plus.
Donc j'ai cherché,
je suis tombée dedans,
et j'ai pas voulu en partir parce que c'est aussi la sécurité de l'emploi
Quand il y a eu la grosse crise en 2008,
c'était une sécurité de l'emploi.
Quand il y a eu le covid,
c'était une sécurité de l'emploi.
Quand on rentre chez nous, on a ce...
cette impression d'avoir accompli quelque chose,
d'avoir vraiment fait un travail qui a du sens.